» Le vin ardent sur son palais s’attardait une fois bu. Ecrasant dans son pressoir les raisins de Bourgogne. Toute la chaleur du soleil. C’est comme une caresse furtive qui parle à ma mémoire. Au contact humide ses sens se souvenaient.Cachés sous les fougères de Howth. Au dessus de nous, la baie au ciel dormant. Pas un bruit. Le ciel. La baie pourpre à la pointe du Lion. Verte à Drumleck. Vert-jaune vers Sutton. Prairies sous-marines, des lignes marron clair dans l’herbe., villes englouties.Ma veste servait d’oreiller à ses cheveux, des perce-oreilles dans les touffes de bruyère ma main sous sa nuque, tu vas tout me boulverser. O quelle merveille ! Sa main amoldoucie par les onguents me touchait, me caressait : ses yeux fixés sur moi ne se détournaient pas. » JJ
Catégorie : Molly Bloom /
Molly : vorace comme un albatros
» Il lança entre elles une boule de papier froissé. Elie trente-deux pieds par sec.arr. Ca ne prend pas. Ignorée la boule ballotta dans les remous, flotta sous le pont et le long des piles. Pas si folles les bêtes. Et le jour où j’ai jeté ce gâteau rassis depuis l’Erin’s King elles l’ont récupéré dans le sillage cinquante mètres en arrière. Vivent de leur vivacité. Elles tournoyaient battant des ailes.
La mouette famélique tableau
Plane sur les mornes flots
Voilà comment écrivent les poètes, des ressemblances sonores. Mais pourtant Shakespeare n’a pas de rimes: le vers blanc. Ce qui compte c’est que le langage coule. Les pensées . Solennel. » JJ
Molly en dame
Pourrais imaginer une saynète. Par M. et Mme L.M. Bloom. Inventer une histoire à partir d’un proverbe. Lequel ? L’époque à laquelle j’essayais de noter sur ma manchette ce qu’elle disait en s’habillant. N’aime pas qu’on s’habille ensemble. Me suis écorché en me rasant. Elle se mordait la lèvre inférieure en agrafant la fente de sa jupe. Je la chronométrais. 9.15 Roberts ne t’a toujours pas payé. 9.20 Que portait Greta Conroy ?9.23 Qu’est-ce qui m’a pris d’acheter ce peigne ? 9.24 Ce chou m’a ballonnée…
Alain Frontier l’a fait : un livre entier : PORTRAIT D’UNE DAME ( ed Al dante) ; le projet de Bloom du 18/01/1982 au 27/12/1984
16 JUIN 1982
13 H 29 J’espère qu’il ne fera pas ce temps-là la semaine prochaine quand j’irai mettre du chameau dans Honfleur!
14 H 11 Je vais plus rien dire. T’as intérêts à noter parce que c’est la dernière chose que je dis. Après tu mettras : FIN
16 H 57 Le fond noit, tout de suite,ça met en valeur
16 H 58 Christian, quand même, devrait nous en faire un deuxième
16 H 59 Ce D n’est pas droit
17 H En fait j’en ai trois petits et trois grands
17 H 01 Le Boutibonnes, ce n’est pas possible
17 H 03 Un jour je m’achèterai un Polaroïd quand même
17 H 14 Oh là là !ces nuages noirs !…
17 h 17 On peut tout mettre sous verre
17 h 31 Je me demande s’il a fait un brouillon
17 h 45 Faudra que je fasse une oeuvre d’art avec ce fer à repasser. C’est pas évident.
17 H 50 Si j’avais été courageuse, j’aurais tiré ça …
18 h Si seulement ils avaient conscience de ce qu’ils écrivent!…
18 h 01 Qu’est ce que je pourrais inventer d’autre alors ?
18 H 02 Il me faudrait encore quelques idées pour finir l’année
18 h 04 Si j’étais restée plus longtemps, j’aurais peut-être fini par les dérider
18 h 10 Je cultive quand même bien les roses
18 h 20 Il y a longtemps qu’on a pas fait une promenade le soir
19 h 06 Je me sens complètement extérieure à ce truc là.
Molly la chatte
– Du lait pour la minette ! dit-il .
– Mrkgnao ! se plaignit la chatte .
On dit qu’ils sont stupides. Ils comprennent ce que nous disons mieux que nous ne les comprenons. Elle comprend tout ce qu’elle veut. Et rancunière avec ça . Cruelle. Sa nature. Curieux que les souris ne couinent jamais. Semblent aimer ça. Me demande de quoi j’ai l’air pour elle. Aussi haut qu’une tour? Non, elle peut sauter plus haut que ma tête.
JJ
Molly en Calypso
« Il la trouva chez elle, auprès de son foyer où flambait un grand feu. On sentait du plus loin le cèdre pétillant et le thuya, dont les fumées embaumaient l’île. Elle était là-dedans, chantant à belle voix et tissant au métier de sa navette d’or. Autour de la caverne, un bois avait poussé sa futée rigoureuse : aunes, peupliers et cyprès odorants où gîtaient les oiseaux à large envergure, chouettes, éperviers et criardes corneilles qui vivent dans la mer et travaillent au large ».
HOMERE
Molly la chanteuse, tisseuse comme Pénélope et oiseau comme Nora
Molly incarnée – Molly en chair
Réincarnation : c’est ça le mot.
Il y en a qui croient que nous continuons à vivre dans un autre corps après notre mort, qu’on a vécu avant. Ils appellent ça la réincarnation. Que nous avons déjà vécu sur cette terre il y a des milliers d’années, ou sur quelque autre planète. Ils disent que nous l’avons oublié. Il y en a qui disent se souvenir de leur vie passé.
La métempsychose, dit-il c’est comme ça que les grecs de l’antiquité la nommaient. Ils croyaient que l’on pouvait être changé disons en animal ou en arbre. C’est ça qu’ils appelaient les nymphes par exemple.
JJ