Que sont nos vingt millions d’Irlandais devenus, qui devraient être ici au lieu des quatre que nous sommes, que sont nos tribus devenues ! Et nos poteries, nos textiles, sans rivaux dans le monde ! Et notre laine qu’on vendait à Rome au temps de Juvénal et notre lin et nos damas tissés sur les métiers d’Antrim et nos dentelles de Limerick, nos tanneries et nos cristalleries, là-bas du côté de Ballybough, et notre popeline hugenote que nous avons depuis Jacquard de Lyon et notre soie tramée et nos tweeds de Foxford et nos ivoires incrustés du couvent des Carmélites de New Ross, rien de comparable dans tout l’univers. Que sont les marchands grecs devenus qui passaient sous les colonnes d’Hercule, le Gibraltar que l’ennemi de l’humanité s’est approprié pour vendre au Wexford, le jour de la foire de Carmen, l’or et la pourpre de Tyr ? Lisez Tacite et Ptolémée, lisez même Giraldus Cambrensis. Le vin, les pelleteries, le marbre du Connemara, l’argent de Tipperary, inégalables nos chevaux universellement réputés aujourd’hui encore, les petits chevaux irlandais, et le roi Philippe d’Espagne qui proposait de payer des redevances pour avoir le droit de pécher dans nos eaux.
Qu’est ce qu’ils nous doivent pas ces salopards d’Anglos pour avoir ruiné nos foyers, pour avoir ruiné nos coeurs ? Et les lits du Barrow et du Shannon qu’ils refusent d’approfondir, laissant des milliers d’hectares de marais et de boue pour nous faire tous crever de tuberculose .